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nécessaire que ces deux termes soient conciliés dans la solution de la vie de chaque jour. Car la Révolution ne se fait que par pénétration des éléments qui paraissent le plus contradictoires ; le Présent n’est rien qu’une chaîne au moyen de laquelle l’Avenir remorque le Passé.

Mais ces deux notions existant dans notre esprit et traduisant des aspirations incompressibles de notre nature, il importe de fixer le rôle des hommes de Progrès et d’Opposition, et celui des hommes de Perfection ou de Conservation.

Qu’ils exercent, les uns et les autres, leur influence spéciale. Que ceux qui ne trouvent de compensation au présent que par leurs aspirations, que ceux-là sachent bien cependant que tout ce qui est à faire n’est encore que pensée, et que la Pensée ne peut donner qu’une force morale. Qu’ils ne veuillent pas entreprendre ou conseiller le rôle de la force ; qu’ils ne tentent pas de réformer la société dans son organisme dès le jour où ils en sont convaincus qu’elle était modifiable théoriquement. Qu’ils se gardent bien de s’épuiser en stériles efforts pour créer une force déjà toute formée dans le monde, et qui accomplira la révolution nécessitée par les besoins du temps. J’insiste sur ce rôle si mal compris jusqu’à présent par les oppositions, afin qu’elles se persuadent qu’elles se sont rendues inaptes à accomplir le rôle de la Force dès qu’elles ont choisi celui de l’Idée.

Que les hommes satisfaits du présent poussent, au contraire, aussi loin que possible les ressources de l’organisme civilisé ; qu’ils exagèrent ses forces mécaniques, mais qu’ils n’oublient pas que tout ce qui existe déjà n’est après tout que fait accompli et ne peut rien donner qu’une force maternelle. Qu’à l’instar des grands industriels de nos jours, ils ne s’imaginent pas créer parce qu’ils exploitent une création ; qu’ils ne nous présentent pas des résultats pour