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Les Slaves sont l’arrière-garde de la grande invasion barbare qui développa la civilisation chrétienne en Europe. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont été laissés dans les vastes plaines qui entourent la chaîne des Krapacks, là même où les Goths, les Huns, les Vandales et les Tartares avaient dressé leurs tentes. Comme ces peuples, ils se trouveront un jour à l’étroit dans les pays qu’ils occupent : comme eux, ils voudront voir des terres nouvelles, et s’élanceront dans l’espace, sans but marqué, avec une cavale entre les jambes et une lance à la main. Il faut qu’ils débordent comme les flots de la mer en furie. Dans la coupe de sang préparée pour les festins de la guerre, Nicolas a versé la dernière goutte. — Le sang va couler sur les nations transportées de rage !


V.   Je transcris littéralement ici plusieurs passages du remarquable travail de A. Herzen sur le Développement des Idées révolutionnaires en Russie. Personne ne peut donner une idée plus exacte du progrès des Slaves que ce profond observateur, slave et révolutionnaire lui-même, M. Herzen rend ainsi compte du travail de l’opposition russe pendant les vingt-cinq dernières années :

... « À l’intérieur de la Russie, il se faisait un grand travail, un travail sourd et muet, mais actif et non interrompu ; le mécontentement croissait partout ; les idées révolutionnaires ont plus gagnée de terrain pendant ces vingt-cinq dernières années que durant le siècle entier qui les a précédées, et pourtant elles ne pénétraient pas jusqu’au peuple.

» Le peuple russe continuait à se tenir éloigné des sphères politiques ; il n’avait guère de raisons pour prendre part au travail qui s’opérait dans les autres couches de la nation. Les longues souffrances obligent à