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gêne et de l’épargne. Quant aux deux seizièmes qui restent, ils sont composés de prolétaires ignorants et malheureux que la Faim courbe sur le Travail, qui ne suivront la révolution qu’entraînés un instant par des émeutes stériles, et qui la déserteront bientôt, réduits par la famine, lorsque les riches auront fait le vide de toutes les ressources et de tous les travaux autour d’eux. Encore une fois, dans les termes où elle est posée aujourd’hui, la Révolution ne peut pas sortir des sociétés civilisées.

Ceux qui la servent avec connaissance de cause se réduisent à une poignée imperceptible, et leurs voix se perdent au milieu du vacarme infernal de l’industrielle cohue. D’ailleurs, ils n’ont pas de programme, ne peuvent pas en avoir et sont incapables de s’unir dans une action commune. Car, ainsi que je l’ai déjà dit, il faut que la Démocratie socialiste soit désunie, afin que chacun s’affirme par réflexion dans ses opinions propres, afin que l’Indépendance de l’individu s’élève sur la ruine de tout gouvernement et de tout parti.

Ainsi, tandis que nos intérêts présents ne permettent pas qu’un nouvel ordre social soit établi, les intérêts futurs de l’Humanité le demandent impérieusement. Car l’accroissement continuel de la population et des besoins nécessite sans cesse de nouvelles ressources. Comme qu’elles fassent, qu’elles avancent ou qu’elle reculent, les nations d’Occident sont condamnées irrévocablement à mourir.


XV.   La monarchie, l’aristocratie, le tiers-état, les délégations, commissions et parlements de tous degrés, toutes les castes dominantes, tous les modes de représentation, héréditaires ou électifs, ont perdu, en France, prestige, puissance et richesses. La Démocratie est encore moins possible chez nous que toute autre forme gouver-