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la France actuelle n’a guère d’un empire que le nom dérisoire ; elle est aux pieds d’un Caligula délabré ! — Quelle nation et quel artiste le monde va perdre ! !

Louis-Napoléon Bonaparte, la personnification des décadences, a dit comme moi : « le temps des conquêtes est passé pour la France ». — Or, une nation qui ne conquiert plus, qui ne s’accroît plus, qu’est-ce ? — Une nation qui meurt.

Balzac, un grand philosophe, a écrit : « La France n’est qu’une caducité fardée qui veut paraître jeune. La France n’a de vrai parent que le billet de mille francs, d’autre ami que le Mont-de-Piété. La France tolère tout : le Gouvernement, la Guillotine, la Religion et le Choléra. »

Dans une de ses récentes publications, la Révolution sociale démontrée par le coup d’état du 2 Décembre, P.‑J. Proudhon s’exprime ainsi : « Nous portons, depuis des siècles, un poids énorme qui, en moins d’une génération, eût étouffé toute autre race. Et telle est notre misère, que, si l’on nous ôte ce poids, nous cessons de vivre ; que si on nous le conserve, nous ne pouvons plus exister. »

Nous voilà bien calés ! — Je me demande si le plus cruel des médecins, des greffiers ou des bourreaux pourrait s’y prendre avec moins de précautions que P.‑J. Proudhon pour annoncer à un pauvre diable la sentence qui le condamne à mort !

Et comme si tout cela ne suffisait pas à l’illustre philosophe français, il se prend à chanter, de sa voix la plus méphistophélique, la prière des agonisants sur le cadavre de sa grande patrie, la première des immortelles :

« La France, regardez-la de près ; elle est épuisée, finie. La vie s’est retirée d’elle : à la place du cœur, c’est le froid métallique des intérêts ; à la place de la pensée,