Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tisme, l’absolutisme sibérien. Je demande aux bourgeois, hommes d’ordre et de chauvinisme, à quoi leur servent leurs gouvernements constitutionnels préférés ? Peuvent-ils maintenir l’Ordre contre la Révolution, et la France contre la Russie ? — Si les Russes sont à la discrétion du tzar, personnes et bien, au moins peuvent-ils être certains que le tzar comprimera les révolutions intérieures et protégera, contre l’ennemi, l’honneur de leurs armes. S’ils contribuent de leur sang et de leurs ressources pour une armées, au moins ont-ils une véritable armée, une machine qui fonctionne et ne réfléchit pas. S’ils ont la guerre, c’est la vraie guerre, la guerre des Barbares : s’ils ont l’ordre, c’est l’ordre de Varsovie.

En vérité, les Civilisés sont les plus exigeants des gouvernés. Ils ne veulent fournir à leurs gouvernants ni impôts, ni soldats, ni secours sérieux : ils les rendent responsables, sur leurs têtes, de tout le mal qui peut arriver. Et ils ne leur laissent pas même la liberté de conserver leurs têtes comme ils l’entendent ! Si l’on rendait exacte justice à chacun, on trouverait, bien sûr, que les gouvernés sont aussi coupables que les gouvernants des insurrections sociales.

Ou soyez anarchistes sans réserve ; ou bien, si vous voulez d’un gouvernement, laissez-lui toutes facilités d’agir. Ne contrôlez pas ses décrets, ne l’entravez pas dans sa marche : livrez-vous à lui pieds et poings liés. Allez à la guerre, s’il vous appelle à la guerre ; ne faites pas de révolutions, parce que la révolution lui déplaît. Lisez l’histoire avec des yeux purs et vertueux ; ne parlez pas, n’écrivez pas, parce que le silence lui est cher. Mais, pour Dieu ! malheureux bourgeois, ne changez pas tous les jours de domestiques, ne trépignez pas ainsi des pieds ; abaissez-vous, humiliez-vous, taisez-vous, faites les morts !… Votre misérable existence est à ce prix ! !