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· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · Dans l’aurore et l’azur,
Emplissant l’horizon de sa splendeur soudaine,
Monte aux cieux élargir la cité surhumaine,
Et la grande Pallas, le front ceint d’un éclair,
Dresse sa lance d’or sur les monts et la mer !


Puis, la Muse vante symboliquement l’influence du génie grec :


Enfant ! tu vois le plus magnifique des âges,
Qui s’épanouira sur le monde enchanté,
La ville des héros, des chanteurs et des sages,
Le temple éblouissant de la sainte Beauté.


Leconte de Lisle ne devait-il pas être (avec un peu de solennité) un prêtre, un grand prêtre de ce temple aimable !

Il avait apparemment toutes les attitudes d’un grand prêtre imposant du temple de la Beauté grecque. Il officiait majestueusement dans le temple, et son style augmentait encore sa majesté… En écrivant, il affirmait la contradiction de ses desseins et de ses goûts... Il voulait encore nous communiquer l’impression de la Grèce héroïque, mais barbare, et il chargeait ses phrases d’un pittoresque de couleurs violentes… Il faisait les noms frustes et rudes. Clytemnestre, pour nous effrayer d’avantage, devenait Klytaimnestra. L’enfer s’appelait Adès. Les Furies se nommaient les Érinnyes. Franchement, elles auraient pu tout aussi bien se nommer les Furies !… Enfin, Leconte de Lisle retrouvait les expressions homériques qui sont admirables de force dans Homère, mais qui perdent en français leur force et ont, elles plus que tout le reste, besoin d’être « adaptées », ou, s’il vous plaît mieux, transpo-