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de l’Orestie. Il a ainsi, avec plus de puissance que de mesure et de goût, renchéri sur Eschyle… Et peut-être est-ce dans l’Apollonide que, traduisant ses propres aspirations, à la faveur de l’œuvre d’Euripide, il a été Grec le plus heureusement… Contraste énorme entre l’Apollonide et les Érinnyes ! Que Leconte de Lisle a donc des façons différentes d’être Grec ! Maintenant il célèbre la beauté lumineuse de la Grèce : il s’enthousiasme pour l’idéal attique, il chante les éléments si variés qui se fondent harmonieusement en lui… Idéal délicieux où s’associent l’élégance et la délicatesse, et la grâce éblouissante, idéal où s’épanouissent les qualités légères et charmantes de l’esprit et de l’âme, où la sagesse née de l’équilibre règne sans contrainte sur les êtres souriants qui se développent dans la liberté heureuse de la vie… La nature elle-même embellit encore cette vie idéale :


À travers la nue infinie
Et la fuite sans fin du temps,
Le chœur des astres éclatants
Se soumet à notre harmonie.
Tout n’est qu’un écho de nos voix :
L’oiseau qui chante dans les bois,
La mer qui gémit et qui gronde,
Le long murmure des vivants
Et la foule immense et les vents.
Car nous sommes l’âme du monde.


Et sous l’étincelante lumière du ciel attique surgit la vision éclatante d’Athéna telle qu’elle sera dans l’avenir : Acropole, Parthénon, et statue géante de Pallas, la lance en main. Le jeune Ion magnifie par son lyrisme ce merveilleux prodige :