Page:Ernault - Petite grammaire bretonne.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VII
PRÉFACE

2o Le cornique, qui se parlait dans la Cornouaille anglaise, et qui a péri vers la fin du siècle dernier ; c’était le plus proche parent de l’armoricain.

Le gallois, le comique et le breton armoricain forment ensemble la branche brittonique ou bretonne des langues néo-celtiques. Ils descendent du celtique ancien qu’on parlait en Grande-Bretagne avant la conquête romaine.


VI. Ce vieux celtique de Grande-Bretagne était apparenté de près aux langues employées, à la même époque, par les Gaulois du continent et par les Irlandais. Mais sur le continent le gaulois, étouffé par le latin, n’a survécu dans aucun langage moderne. Au contraire, l’Irlande, qui n’a jamais été conquise par les Romains, n’a point perdu son parler national, et celui-ci a donné naissance à la branche gaidélique, goidélique ou gaélique des langues néo-celtiques, qui comprend : l’irlandais proprement dit ; le gaélique d’Écosse ; le gaélique de l’île de Man.

VII. La comparaison de toutes ces formes modernes du celtique entre elles et avec les quelques spécimens qui nous restent du gaulois ou vieux celtique, permet de se faire de celui-ci une idée, incomplète sur bien des points, mais suffisante pour en esquisser les traits essentiels et en déterminer les affinités.

Le celtique n’est pas, en effet, un phénomène isolé : c’est un membre de la grande famille linguistique dite ario-européenne ou indo-européenne, au même titre que le latin, le grec, le germain, le slave, l’albanais, en Europe ; l’indien, le persan, l’arménien, en Asie.


VIII. Ce n’est pas à dire que tous les éléments qui composent actuellement la langue bretonne aient une même origine celtique. L’idiome national des Bretons de l’île, sans être détruit par le latin, avait du moins été sensiblement influencé par lui, à peu près comme l’idiome néo-latin qui domine en France a subi des influences germaniques. Lorsqu’une partie de ces Bretons, chassés par l’invasion saxonne, se furent établis en Armorique, ils empruntèrent aussi des mots aux