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Le brigadier Frédéric.

V

Ce que je te raconte se passait à la fin de l’automne de 1869, la vallée était déjà pleine de brouillards ; l’hiver arriva bientôt après, la neige se mit à tourbillonner devant les vitres, le feu à pétiller dans le fourneau, et le rouet de Marie-Rose à bourdonner du matin au soir, au tic-tac monotone de la vieille horloge.

J’allais, je venais, en fumant ma pipe et rêvant à ma retraite. Marie-Rose y rêvait aussi sans doute. Jean Merlin me parlait quelquefois d’avancer le mariage, ce qui m’ennuyait beaucoup, car moi je n’ai jamais eu qu’une parole ; et puisque nous étions convenus de célébrer les noces le jour de sa nomination, je ne