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Le brigadier Frédéric.

XIII

Tu sais, Georges, ce que vaut une vache pour nous autres paysans ; avec une vache à l’étable, on a du lait, du beurre, du fromage, tout le nécessaire de la vie ; une vache c’est l’aisance, deux c’est presque la richesse. Jusqu’alors nous avions pu vendre et faire ainsi quelques sous ; maintenant il allait falloir tout acheter dans ces temps de disette, où l’ennemi s’engraissait de notre misère.

Ah ! quel affreux passage !… Ceux qui viendront après nous ne s’en feront pas même une idée.

Il ne nous restait que cinq ou six milliers de foin et des pommes de terre.