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Le brigadier Frédéric.

II

Au cœur de l’hiver, pendant que tous les sentiers de la montagne étaient couverts de neige, et que nous entendions chaque nuit les branches des hêtres chargées de givre, se briser comme du verre à droite et à gauche de la maison, un soir, ma femme, qui, depuis le commencement de la saison allait et venait toute pâle, sans parler, me dit vers six heures, après avoir allumé le feu sur l’âtre : « Frédéric, je vais me coucher… Je ne me sens pas bien… J’ai froid. »

Jamais elle ne m’avait rien dit de semblable. C’était une femme qui ne se plaignait jamais, et qui, durant sa jeunesse, surveillait notre ménage jusqu’à la veille de ses couches.