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Le brigadier Frédéric.

main ; les fenêtres basses, à vitraux de plomb, dans l’ombre des rochers, donnaient à peine un rayon de jour.

Quelle différence avec notre jolie maisonnette, si bien éclairée au versant de la côte ! Oui, c’était bien triste, mais nous n’avions pas de choix, il fallait se loger quelque part.

Je dis à Katel de faire un peu de feu dans la grande chambre, pour en dissiper l’humidité ; puis étant descendu, le père Ykel et moi nous convînmes que j’aurais le premier de sa maison, deux places à l’écurie pour mes vaches, le petit fenil au-dessus, avec un réduit à porcs, un coin de la cave pour mes pommes de terre, et la moitié du hangar, où je comptais laisser les meubles qui ne pourraient pas entrer dans les chambres, le tout à raison de huit francs par mois, somme assez forte dans un temps ou personne ne trouvait à gagner un centime.

Deux ou trois voisins, le grand charbonnier Starck et sa femme Sophie, le vannier Koffel, et Hulot, l’ancien contrebandier, arrivaient alors à l’auberge prendre leur chopine d’eau-de-vie, selon l’habitude. Ykel leur raconta les nouvelles abominations des Allemands, ils en furent ré-