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Le brigadier Frédéric.

Alors Ykel parut attendri ; son nez crochu se recourba jusque sur ses lèvres, et d’une voix grave, il me dit :

« J’ai toujours pensé que vous étiez un honnête homme. Vous étiez un peu sévère dans le service, mais vous étiez juste ; on n’a jamais pu dire le contraire. »

Puis il appela :

« Katel !… Katel… »

Et sa fille, qui venait d’allumer du feu sur l’âtre, entra.

« Tiens, Katel, dit-il en me montrant, voilà le père Frédéric, que les Prussiens chassent avec sa fille et la grand’mère, parce qu’il ne veut pas entrer dans leur bande. Ça, c’est encore mille fois pire que les réquisitions ; c’est quelque chose qui vous fait dresser les cheveux. »

Sa fille alors prit aussi notre parti, criant que le ciel devrait tomber, pour écraser des gueux de cette espèce. Elle me conduisit en haut, grimpant l’escalier en échelle de meunier, pour me faire visiter les trois chambres que je désirais louer.

Tu ne peux rien te représenter de plus misérable ; on touchait les poutres du plafond de la