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L’AMI FRITZ.

tier qui descend dans la vallée des Ablettes, derrière le Postthâl, et qui remonte en face, à la côte des Genêts.

Ce sentier était déjà sec, mais des milliers de petits filets d’eau de neige se croisaient au-dessous dans la grande prairie du Gresselthal, et brillaient au soleil comme des veines d’argent.

Kobus, en remontant la côte en face, aperçut deux ou trois couples de tourterelles des bois, qui filaient deux à deux le long des roches grises de la Hoûpe, et se becquetaient sur les corniches, la queue en éventail. C’était un plaisir de les voir glisser dans l’air, sans bruit, on aurait dit qu’elles n’avaient pas besoin de remuer les ailes : l’amour les portait ; elles ne se quittaient pas et tourbillonnaient tantôt dans l’ombre des roches, tantôt en pleine lumière, comme des bouquets de fleurs qui tomberaient du ciel en frémissant. Il faudrait être sans cœur pour ne pas aimer ces jolis oiseaux. Fritz, le dos appuyé à sa canne, les regarda longtemps ; il ne les avait jamais si bien vues se becqueter, car les tourterelles des bois sont très-sauvages. Elles finirent par l’apercevoir et s’éloignèrent. Alors il se remit à marcher tout pensif, et vers onze heures il était sur la côte des Genêts.

De là, Hunebourg avec ses vieilles rues tor-