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L’AMI FRITZ.

ter l’air des Trois houzards, comme il le chantait pour te réjouir !

— David, s’écria Fritz tout attendri, parlons d’autre chose !

— Non ! tous vos plaisirs de garçon, tout votre vieux vin que vous buvez entre vous, toutes vos plaisanteries, tout cela n’est rien… c’est de la misère auprès du bonheur de la famille ; c’est là que vous êtes vraiment heureux, parce que vous êtes aimé ; c’est là que vous louez le Seigneur de ses bénédictions. Mais vous ne comprenez pas ces choses ; je vous dis ce que je pense de plus vrai, de plus juste, et vous ne m’écoutez pas. »

En parlant ainsi, le vieux rebbe semblait tout ému ; le gros percepteur Hâan le regardait, les yeux écarquillés, et Iôsef, de temps en temps murmurait des paroles confuses.

« Que penses-tu de cela, Iôsef ? dit à la fin Kobus au bohémien.

— Je pense comme le rebbe David, dit-il, mais je ne peux pas me marier, puisque j’aime le grand air, et que mes petits pourraient mourir sur la route. »

Fritz était devenu rêveur.

« Oui, il ne parle pas mal, pour un vieux posché-