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L’AMI FRITZ.

— Croque-moi cela, lui disait-il ; tu as de belles dents, Sûzel, c’est pour croquer de ces bonnes choses, que le Seigneur les a faites. Et nous boirons encore de ce bon petit vin blanc, puisqu’il te plaît.

— Oh ! mon Dieu… où voulez-vous donc que j’en boive ? un vin si cher ! faisait-elle.

— C’est bon… c’est bon… je sais ce que je dis, murmurait-il ; tu verras que nous en boirons ! »

Et le père Christel, un peu gris, les regardait, se disant en lui-même :

« Ce bon monsieur Kobus, quel brave homme ! Ah ! le Seigneur a bien raison de répandre ses bénédictions sur des gens pareils : c’est comme la rosée du ciel, chacun en a sa part. »

Enfin, tout le monde sortit, Fritz en tête, le bras de Sûzel sous le sien, disant :

« Il faut bien que je reconduise ma danseuse. »

En bas, près de la voiture, il prit Sûzel sous les bras en s’écriant : « Hop ! Sûzel ! » et la plaça comme une plume sur la paille, qu’il se mit à relever autour d’elle.

« Enfonce bien tes petits pieds, disait-il, les soirées sont fraîches. »