puis il se retira ; et le bohémien, qui n’était autre que Iôsef, étant parti de bonne heure, il ne fut plus question de cette affaire.
Kobus lui-même l’avait oubliée, quand, aux premiers jours du printemps de l’année suivante, étant au lit un beau matin, il entendit à la porte de sa chambre une douce musique : — c’était la pauvre alouette qu’il avait sauvée dans les neiges, et qui venait le remercier au premier rayon de soleil.
Depuis, tous les ans Iôsef revenait à la même époque, tantôt seul, tantôt avec un ou deux de ses camarades, et Fritz le recevait comme un frère.
Donc Kobus revit ce jour-là son vieil ami le bohémien, ainsi que je viens de vous le raconter ; et quand la basse ronflante se tut, quand Iôsef, lançant son dernier coup d’archet, leva les yeux, il lui tendit les bras derrière les rideaux en s’écriant : « Iôsef ! »
Alors le bohémien vint l’embrasser, riant en montrant ses dents blanches et disant :
« Tu vois, je ne t’oublie pas ; la première chanson de l’alouette est pour toi !
— Oui… et c’est pourtant la dixième année ! » s’écria Kobus.