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L’AMI FRITZ.

avec satisfaction. Il aurait voulu dire aussi quelque galanterie à Sûzel ; mais rien ne lui venait à l’esprit : il était trop heureux.

Enfin Hâan tira du troisième banc à gauche une femme haute de six pieds, noire de cheveux, avec un nez en bec d’aigle et des yeux perçants, laquelle se leva toute droite et sortit d’un air majestueux. Il aimait ce genre de femmes ; c’était la fille du bourgmestre. Hâan semblait tout glorieux de son choix ; il se redressait en arrangeant son jabot, et la grande fille, qui le dépassait de la moitié de la tête, avait l’air de le conduire.

Au même instant, Schoultz amenait une petite femme rondelette, du plus beau roux qu’il soit possible de voir, mais gaie, souriante, et qui lui sauta brusquement au coude, comme pour l’empêcher de s’échapper.

Ils prirent donc leurs distances pour se promener autour de la salle, comme cela se fait d’habitude. À peine avaient-ils achevé le premier tour, que Iôsef s’écria :

« Kobus, y es-tu ? »

Pour toute réponse, Fritz prit Sûzel à la taille, du bras gauche, et lui tenant la main en l’air, à l’ancienne mode galante du dix-huitième siècle,