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L’AMI FRITZ.

des brunes, des rousses et des blondes ; toutes se redressaient, regardant vers Kobus, et rougissant lorsqu’il arrêtait la vue sur elles ; car c’est un grand honneur d’être choisie par un si bel homme, surtout pour danser le treieleins. Mais Fritz ne les voyait pas rougir ; il ne les voyait pas se redresser comme les hussards de Frédéric-Wilhelm à la parade, effaçant leurs épaules et se mettant la bouche en cœur ; il ne voyait pas cette brillante fleur de jeunesse épanouie sous ses regards ; ce qu’il cherchait c’était une toute petite vergissmeinnicht, la petite fleur bleue des souvenirs d’amour.

Longtemps il la chercha, de plus en plus inquiet ; enfin il la découvrit au loin, cachée derrière une guirlande de chêne tombant du pilier à droite de la porte. Sûzel, à demi effacée derrière cette guirlande, inclinait la tête sous les grosses feuilles vertes, et regardait timidement, à la fois craintive et désireuse d’être vue.

Elle n’avait que ses beaux cheveux blonds tombant en longues nattes sur ses épaules pour toute parure ; un fichu de soie bleue voilait sa gorge naissante ; un petit corset de velours, à bretelles blanches, dessinait sa taille gracieuse ; et près d’elle se tenait, droite comme un I, la grand’-