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L’AMI FRITZ.

arrivaient les hommes, les femmes, et trois vieillards, les reins courbés, la tête nue, appuyés sur des bâtons. Ils chantaient en cœur :


Quelle est la patrie allemande ?
Quelle est la patrie allemande ?


Et les vieux répondaient :


Amérika ! Amérika ![1]


Les officiers prussiens se disaient entre eux : « On devrait arrêter ces gens-là ! »

Hâan, entendant ces propos, ne put s’empêcher de répondre d’un ton ironique :

« Ils disent que la Prusse est la patrie allemande ; on devrait leur tordre le cou ! »

Les officiers prussiens le regardèrent d’un œil louche ; mais il n’avait pas peur, et Schoultz lui-même relevait le front d’un air digne.

Kobus venait de se lever tranquillement et de sortir, comme pour s’informer de quelque chose à la cuisine. Au bout d’un quart d’heure, Hâan et Schoultz, ne le voyant pas rentrer, s’en étonnèrent beaucoup, d’autant plus qu’on apportait

  1. L’Amérique ! l’Amérique !