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L’AMI FRITZ.

la bataille, et je regarderais de loin avec calme. »

Hâan était de trop bonne humeur pour se fâcher.

« À quelle heure le dîner ? demanda-t-il.

— À midi, monsieur. »

Ils entrèrent dans le vestibule, pendant que Zimmer dételait ses chevaux et les conduisait à l’écurie. Le vestibule s’ouvrait au fond sur un jardin ; à gauche était la cuisine : on entendait le tic-tac du tournebroche, le pétillement du feu, l’agitation des casseroles. Les servantes traversaient l’allée en courant, portant l’une des assiettes, l’autre des verres ; le sommelier remontait de la cave avec un panier de vin.

« Il nous faut une chambre, dit Fritz à l’aubergiste, je voudrais celle de Hoche.

— Impossible, monsieur Kobus, elle est prise, les Prussiens l’ont retenue.

— Eh bien, donnez-nous la voisine. »

Le père Lœrich les précéda dans le grand escalier. Schoultz ayant entendu parler de la chambre du général Hoche, voulut savoir ce que c’était.

« La voici, monsieur, dit l’aubergiste en ouvrant une grande salle au premier. C’est là que les généraux républicains ont tenu conseil le 23 décembre 1793, trois jours avant l’attaque des lignes de Wissembourg. Tenez, Hoche était là. »