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L’AMI FRITZ.

poste sous ses hangars, et quatre-vingts chevaux dans ses écuries.

Fânen était un homme de soixante ans, propriétaire des grandes prairies qui longent le Losser, un homme riche et pourtant simple dans ses mœurs : gros, court, revêtu d’une souquenille de toile, coiffé d’un large chapeau de crin, ayant la barbe longue de huit jours toute grisonnante, et ses joues rondes et jaunes sillonnées de grosses rides circulaires.

C’est ainsi que le trouva Fritz, en train de faire étriller des chevaux dans la cour de la poste.

Fânen, le reconnaissant de loin, vint à sa rencontre jusqu’à la porte cochère, et, levant son chapeau, il le salua, disant :

« Hé ! bonjour, monsieur Kobus ; qu’est-ce qui me procure le plaisir et l’honneur de votre visite ?

— Monsieur Fânen, répondit Fritz en souriant, j’ai résolu de faire une partie de plaisir à la fête de Bischem, avec mes amis Hâan et Schoultz. Toutes les voitures de la ville sont en route, à cause de la rentrée des foins ; il n’y a pas moyen de trouver un char à bancs. Ma foi, me suis-je dit, allons voir M. Fânen, et prenons une voiture de poste ; vingt ou trente florins ne sont pas la mort d’un homme, et quand on veut s’amuser, il