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L’AMI FRITZ.

« Je vais aller au Meisenthâl, se disait-il ; oui, je partirai après le déjeuner ; il faut absolument que je la revoie ! »

Ainsi s’accomplissaient les paroles du rebbe David à sa femme : « En ces temps arriveront des choses extraordinaires ! »

Ces paroles se rapportaient au changement de Kobus, et montraient aussi la grande finesse du vieux rabbin.

Tout en mettant ses bas, l’idée revint à Fritz, que le père Christel lui avait dit la veille que Sûzel irait à la fête de Bischem, aider sa grand’mère à faire la tarte. Alors il ouvrit de grands yeux, et se dit au bout d’un instant :

« Sûzel doit être déjà partie ; la fête de Bischem, qui tombe le jour de la Saint-Pierre, est pour demain dimanche. »

Cela le rendit tout méditatif.

Katel vint servir le déjeuner ; il mangea d’assez bon appétit, et, se coiffant ensuite de son large feutre, il sortit faire un tour sur la place, où se promenaient d’habitude le gros Hâan et le grand Schoultz, entre neuf et dix heures. Mais ils ne s’y trouvaient pas, et Fritz en fut contrarié, car il avait résolu de les emmener avec lui, le lendemain, à la fête de Bischem.