« Hé ! te voilà, schaude, s’écria-t-il de loin ; depuis huit jours on ne te voit plus.
— Oui, David, c’est moi, dit Fritz en s’arrêtant à la fenêtre ; je t’amène Christel mon fermier, un brave homme, et dont je réponds comme de moi-même ; il est incapable d’avancer ce qui n’est pas…
— Bon, bon, interrompit David, je le connais depuis longtemps. Entrez, entrez, les autres ne peuvent tarder à venir : voici dix heures qui sonnent. »
Le vieux David était dans sa grande capote brune, luisante aux coudes ; une calotte de velours noir coiffait le derrière de son crâne chauve, quelques cheveux gris voltigeaient autour ; sa figure maigre et jaune, plissée de petites rides innombrables, avait un caractère rêveur, comme au jour du Kipour[1].
« Tu ne t’habilles donc pas ? lui demanda Fritz.
— Non, c’est inutile. Asseyez-vous. »
Ils s’assirent.
La vieille Sourlé regarda par la porte de la cuisine entr’ouverte, et dit :
- ↑ Journée de jeûne et d’expiation chez les juifs.