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L’AMI FRITZ.

tout son corps. Il aurait voulu embrasser le brave homme, mais il se contint, et s’écria :

« Katel, apporte donc ces cerises par ici, que je les goûte ! »

Et Katel les ayant apportées, il les admira d’abord ; il lui semblait voir Sûzel étendre ces feuilles vertes au fond de la corbeille, puis déposer les cerises dessus, ce qui lui procurait une satisfaction intérieure, et même un attendrissement qu’on ne pourrait croire. Enfin, il les goûta, les savourant lentement et avalant les noyaux.

« Comme c’est frais ! disait-il, comme c’est ferme, ces cerises qui viennent de l’arbre ! On n’en trouve pas de pareilles sur le marché ; c’est encore plein de rosée, et ça conserve tout son goût naturel, toute sa force et toute sa vie. »

Christel le regardait d’un air joyeux.

« Vous aimez bien les cerises ? fit-il.

— Oui, c’est mon bonheur. Mais asseyez-vous donc, asseyez-vous. »

Il posa la corbeille sur le lit, entre ses genoux, et tout en causant, il prenait de temps en temps une cerise et la savourait, les yeux comme troubles de plaisir.

« Ainsi, père Christel, reprit-il, tout le monde se porte bien chez vous, la mère Orchel ?