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L’AMI FRITZ.

grande salle, vous ne dînez pas avant de partir, monsieur le percepteur ?

— Est-ce que tu as faim, Kobus ? demanda Hâan.

— Non.

— Ni moi non plus ; vous pouvez servir votre dîner à saint Maclof ! Chaque fois que je viens dans ce gueux de pays, je suis comme éreinté durant quinze jours ; tout cela me bouleverse. Attelez le cheval, Schnéegans, c’est tout ce qu’on vous demande. »

L’aubergiste sortit. Hâan et Fritz sur la porte, le regardèrent tirer le cheval de l’écurie et le mettre à la voiture. Kobus monta, Hâan régla la note, prit les rênes et le fouet, et les voilà partis comme ils étaient venus.

Il pouvait être alors deux heures. Tous les gens du village, devant leurs baraques, les regardaient passer, sans qu’un seul eût l’idée de lever son chapeau.

Ils rentrèrent dans le chemin creux de la côte. Les ombres s’allongeaient alors du haut de la roche de Saint-Maclof jusque dans la vallée ; l’autre côté de la montagne était éblouissant de lumière. Hâan paraissait rêveur ; Fritz penchait la tête, s’abandonnant pour la première fois aux