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L’AMI FRITZ.

quand je me présente à la caisse générale, on ne me demande pas si les gens sont heureux ou malheureux, on me demande combien d’argent j’apporte ; et lorsqu’il n’y en a pas assez, il faut que j’en ajoute de ma propre poche. Ta grand’mère doit huit florins ; j’ai payé pour elle l’année dernière, cela ne peut pas durer toujours. »

La pauvre petite était devenue toute triste, on voyait qu’elle avait envie de pleurer.

« Voyons, reprit Hâan, tu venais me dire qu’il n’y a rien, n’est-ce pas ? que ta grand’mère n’a pas le sou ; pour me dire cela, tu pouvais rester chez vous, je le savais déjà. »

Alors, sans lever les yeux, elle avança la main doucement et l’ouvrit, et l’on vit un florin dedans.

« Nous avons vendu notre chèvre… pour payer quelque chose… » dit-elle d’une voix brisée.

Kobus tourna la tête vers la fenêtre ; son cœur grelottait.

« Des à-compte, fit Hâan, toujours des à-compte ! encore, si la chose en valait la peine. »

Cependant, il rouvrit son registre en disant :

« Allons, viens ! »

La petite s’approcha ; mais Fritz, se penchant