Page:Erckmann-Chatrian - L’Ami Fritz.djvu/195

Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
L’AMI FRITZ.

soin d’ouvrir le grand sac aujourd’hui ; je suis sûr qu’ils ont encore fait du bien à l’église. »

Et, se penchant sur la rampe, il cria :

« Frantz Laër ! »

Aussitôt, un pas lourd fit crier l’escalier, pendant que le percepteur venait se rasseoir, et un grand gaillard en blouse bleue, coiffé d’un large feutre noir, entra. Sa figure longue, osseuse et jaune, semblait impassible. Il s’arrêta sur le seuil.

« Frantz Laër, lui dit Hâan, vous devez neuf florins d’arriéré et quatre florins de courant. »

L’autre leva sa blouse, mit la main dans la poche de son pantalon jusqu’au coude, et posa sur la table huit florins en disant :

« Voilà !

— Comment, voilà ! Qu’est-ce que cela signifie ? vous devez treize florins.

— Je ne peux pas donner plus ; ma petite a fait sa première communion, il y a huit jours : ça m’a coûté beaucoup ! j’ai aussi donné quatre florins pour le manteau neuf de saint Maclof.

— Le manteau neuf de saint Maclof ?

— Oui, la commune a acheté un manteau neuf, tout ce qu’il y a de beau, avec des broderies d’or, pour saint Maclof, notre patron.