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L’AMI FRITZ.

eh bien, sa fille est demandée en mariage par le fils Salomon ; deux braves enfants, — fit le vieux rebbe en joignant les mains d’un air attendri ; — seulement, tu comprends, il faut une petite dot, et Hertzberg est venu me trouver…

— Tu seras donc toujours le même ? interrompit Fritz ; non content de tes propres dettes, il faut que tu te mettes sur le dos celles des autres ?

— Mais Kobus ! mais Kobus ! s’écria David d’une voix perçante et pathétique, le nez courbé et les yeux tournés en louchant vers le sol, si tu voyais ces chers enfants ! Comment leur refuser le bonheur de la vie ? Et d’ailleurs le père Hertzberg est solide, il me remboursera dans un an ou deux, au plus tard.

— Tu le veux, dit Fritz en se levant, soit ; mais écoute : tu payeras des intérêts cette fois, cinq pour cent. Je veux bien te prêter sans intérêts, mais aux autres…

— Eh ! mon Dieu, qui te dit le contraire, fit David, pourvu que ces pauvres enfants soient heureux ! le père me rendra les cinq pour cent. »

Kobus ouvrit son secrétaire et compta deux cents florins sur la table, pendant que le vieux rebbe regardait avec impatience ; puis il sortit le papier, l’écritoire, la plume, et dit :