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L’AMI FRITZ.

— Eh bien ! allez la chercher ; je ne puis quitter le Meisenthâl sans lui dire adieu. »

Orchel entra dans la maison, et quelques instants après Sûzel paraissait, toute rouge.

« Hé ! Sûzel, arrive donc, lui cria Kobus, il faut que je te remercie ; je suis très-content de toi, tu m’as bien traité. Et pour te prouver ma satisfaction, tiens, voici un goulden, dont tu feras ce que tu voudras. »

Mais Sûzel, au lieu d’être joyeuse à ce cadeau, parut toute confuse.

« Merci, monsieur Kobus, » dit-elle.

Et comme Fritz insistait, disant :

« Prends donc cela, Sûzel, tu l’as bien gagné ! »

Elle, détournant la tête, se prit à fondre en larmes.

« Qu’est-ce que cela signifie ? dit alors le père Christel ; pourquoi pleures-tu ?

— Je ne sais pas, mon père, » fit-elle en sanglotant.

Et Kobus de son côté pensa :

« Cette petite est fière, elle croit que je la traite comme une servante, cela lui fait de la peine. »

C’est pourquoi, remettant le goulden dans sa poche, il dit :

« Écoute, Sûzel, je t’achèterai moi-même quel-