de temps en temps elle me regardait pour voir ce que je pensais. À la fin, elle dit :
« Moi, je me moque d’un pays où l’on prend les pères de famille, après avoir enlevé les garçons ! Si j’étais à la place de Joseph, je partirais tout de suite.
— Écoutez, tante Grédel, lui répondis-je, vous savez que je n’aime rien tant que la paix et la tranquillité ; mais je ne voudrais pourtant pas me sauver comme un heimathslôss dans les autres pays. Malgré cela, je ferai ce que voudra Catherine : si elle me dit d’aller en Suisse, j’irai !… »
Alors Catherine, baissant la tête pour cacher ses larmes, dit tout bas :
« Je ne veux pas qu’on puisse t’appeler déserteur.
— Eh bien, donc, je ferai comme les autres ! m’écriai-je ; puisque ceux de Phalsbourg et du Dagsberg partent pour la guerre, je partirai ! »
M. Goulden ne fit aucune observation.
« Chacun est libre, dit-il ; seulement je suis content de voir que Joseph pense comme moi. »
Puis le silence se rétablit, et vers deux heures, la tante Grédel, se levant, prit son panier. Elle semblait abattue et me dit :
« Joseph, tu ne veux pas m’écouter, mais c’