« Déshabillez-vous. »
Et je me déshabillai jusqu’à la chemise, que Werner m’ôta. Les autres me regardaient.
M. le sous-préfet dit :
« Voilà un garçon plein de santé. »
Ces mots me mirent en colère ; malgré cela, je répondis honnêtement :
« Mais je suis boiteux, monsieur le sous-préfet. »
Les chirurgiens me regardèrent, et celui de l’hôpital, à qui M. le commandant de place avait sans doute parlé de moi, dit :
« La jambe gauche est un peu courte.
— Bah ! fit l’autre, elle est solide. »
Puis, me posant la main sur la poitrine :
« La conformation est bonne, dit-il ; toussez. »
Je toussai le moins fort que je pus ; mais il trouva tout de même que j’avais un bon timbre, et dit encore : « Regardez ces couleurs ; voilà ce qui s’appelle un beau sang. »
Alors moi, voyant qu’on allait me prendre si je ne disais rien, je répondis :
« J’ai bu du vinaigre.
— Ah ! fit-il, ça prouve que vous avez un bon estomac, puisque vous aimez le vinaigre.
— Mais je suis boiteux ! m’écriai-je tout désolé.
— Bah ! ne vous chagrinez pas, reprit cet homme ;