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avec ses six bastions, ses trois demi-lunes, ses deux avancées, ses casernes, ses poudrières, ses ponts, ses glacis et ses remparts, sa grande place d’armes et ses petites maisons bien alignées, se dessinait là comme sur un papier blanc. On voyait jusqu’au fond des cours, et moi qui n’étais pas encore habitué à cela, je me tenais bien au milieu de la plate-forme, de peur d’avoir l’idée de m’envoler, comme on le raconte de certaines gens qui deviennent fous par les grandes hauteurs. Je n’osais m’approcher de l’horloge, dont le cadran est peint derrière avec ses aiguilles, et, si Brainstein ne m’avait pas donné l’exemple, je serais resté là, cramponné à la poutre des cloches ; mais il me dit : « Venez, monsieur Joseph, et regardez ; est-ce que c’est l’heure ? »

Alors je sortis la grosse montre de M. Goulden, qui marquait les secondes, et je vis qu’il y avait beaucoup de retard. Brainstein m’aidait à tirer les poids, et nous réglâmes aussi les touches.

« L’horloge est toujours en retard les hivers, dit-il, à cause du fer qui travaille. »

Après m’être un peu familiarisé avec ces choses, je me mis à regarder les environs : les Baraques du bois de chênes, les Baraques