poêle me réjouit. M. Goulden était assis devant le feu, dans le fauteuil, son bonnet de soie noire tiré sur la nuque et les mains sur les genoux.
« C’est toi, Joseph ? me dit-il sans se retourner.
— Oui, monsieur Goulden, lui répondis-je ; il fait bon ici. Quel froid dehors ! Nous n’avons jamais eu un hiver pareil.
— Non, fit-il d’un ton grave, non, c’est un hiver dont on se souviendra longtemps. »
Alors, j’entrai dans le cabinet pour remettre le manteau, les moufles et les souliers à leur place.
Je pensais lui raconter ma rencontre avec Pinacle, quand, en rentrant, il me demanda :
« Tu t’es bien amusé, Joseph ?
— Oh ! oui. La tante Grédel et Catherine m’ont fait des compliments pour vous.
— Allons, tant mieux ! tant mieux ! dit-il, les jeunes ont raison de s’amuser ; car, quand on devient vieux, à force d’avoir souffert, d’avoir vu des injustices, de l’égoïsme et des malheurs, tout est gâté d’avance. »
Il se disait ces choses à lui-même, en regardant la flamme. Je ne l’avais jamais vu si triste, et je lui demandai :
« Est-ce que vous êtes malade, monsieur Goulden ? »