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Enfants, suivez-moi, et toi, marche devant. » Tout le bataillon, qui ne comptait plus que deux cents hommes, se mit en marche ; une centaine d’autres, qui nous voyaient partir d’un pas ferme, se mirent avec nous sans savoir où nous allions. Les Autrichiens étaient déjà sur la terrasse de l’avenue ; plus bas s’étendaient les jardins séparés par les haies jusqu’à l’Elster. Je reconnus ce chemin, que Zimmer et moi nous avions parcouru en juillet, quand tout cela n’était qu’un bouquet de fleurs. Des coups de fusil partaient sur nous, mais nous n’y répondions plus. J’entrai le premier dans la rivière, le capitaine Vidal ensuite, puis les autres deux à deux. L’eau nous arrivait jusqu’aux épaules, parce qu’elle était grossie par les pluies d’automne ; malgré cela, nous passâmes heureusement, il n’y eut personne de noyé. Nous avions encore presque tous nos fusils en arrivant sur l’autre rive, et nous prîmes tout droit à travers champs. Plus loin nous trouvâmes le petit pont de bois qui mène à Schleissig, et de là nous tournâmes vers Lindenau. Nous étions tous silencieux, de temps en temps nous regardions au loin, de l’autre côté de l’Elster, la bataille qui continuait dans les rues de Leipzig. Longtemps les clameurs furieuses