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comme elles sont, nos amis et nos frères. Ceux-là n’ont pas tourné casaque au moment du danger, ils nous ont donné jusqu’à la dernière goutte de leur sang… Et nous, qu’est-ce que nous avons fait pour leur malheureux pays ?… Quand je pense à notre ingratitude, cela me crève le cœur ! Enfin cette fois encore les Polonais nous dégageaient. En les voyant si fiers et si braves, nous sortîmes de partout, courant sur les Autrichiens à la baïonnette, et nous les rejetâmes dans les fossés. Nous eûmes la victoire, mais il était temps de battre en retraite, car l’ennemi remplissait déjà Leipzig : les portes de Hall et de Grimma étaient forcées, et celle de Péters-Thor livrée par nos amis les Badois et nos autres amis les Saxons. Soldats, étudiants et bourgeois tiraient sur nous des fenêtres ! Nous n’eûmes que le temps de nous reformer et de reprendre le chemin de la grande avenue qui longe la Pleisse. Les lanciers nous attendaient là, nous défilâmes derrière eux, et comme les Autrichiens nous serraient de près, ils firent encore une charge pour les refouler. Quels braves gens et quels magnifiques cavaliers que ces Polonais ! Ah ! tous ceux qui les ont vus pousser une charge sont dans l’admiration, surtout dans un moment pareil. La