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Après les gelées, il tomba tellement de neige, que les courriers en furent arrêtés sur la côte des Quatre-Vents. J’eus peur de ne pouvoir pas aller chez Catherine le jour de sa fête ; mais deux compagnies d’infanterie sortirent avec des pioches, et taillèrent dans la neige durcie une route pour laisser passer les voitures, et cette route resta jusqu’au commencement du mois d’avril 1813.

Cependant, la fête de Catherine approchait de jour en jour, et mon bonheur augmentait en proportion. J’avais déjà les trente-cinq francs, mais je ne savais comment dire à M. Goulden que j’achetais la montre ; j’aurais voulu tenir toutes ces choses secrètes : cela m’ennuyait beaucoup d’en parler.

Enfin la veille de la fête, entre six et sept heures du soir, comme nous travaillions en silence, la lampe entre nous, tout à coup je pris ma résolution et je dis :

« Vous savez, monsieur Goulden, que je vous ai parlé d’un acheteur pour la petite montre en argent ?

— Oui, Joseph, fit-il sans se déranger ; mais il n’est pas encore venu.

— C’est moi, monsieur Goulden, qui suis l’acheteur. »

Alors, il se redressa tout étonné. Je tirai les trente-