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deux fois avec une grande bravoure, mais sans pousser des cris de bêtes comme les Prussiens. Leur cavalerie voulait enlever le vieux pont au-dessus de Schoenfeld ; la canonnade allait toujours en augmentant. De tous les côtés où s’étendaient les yeux, à travers la fumée, on ne voyait que des ennemis qui se resserraient ; quand nous avions repoussé une de leurs colonnes, il en arrivait une autre de troupes fraîches : c’était toujours à recommencer. Entre deux ou trois heures, on apprit que les Suédois et la cavalerie prussienne avaient passé la rivière au-dessus de Grossdorf, et qu’ils venaient nous prendre à revers ; ça leur plaisait beaucoup mieux que de nous attaquer en face. Aussitôt le maréchal Ney fit un changement de front, l’aile droite en arrière. Notre division resta toujours appuyée sur Schoenfeld ; mais toutes les autres se retirèrent de la Partha pour s’étendre dans la plaine, et toute l’armée ne forma plus qu’une ligne autour de Leipzig. Les Russes, derrière la route de Mockern, préparaient leur troisième attaque vers trois heures ; nos officiers prenaient de nouvelles dispositions pour les recevoir, lorsqu’une sorte de frisson passa d’un bout de l’armée à l’autre, et tout le monde apprit en quelques minutes que les seize mille Saxons et la cavalerie wurtembergeoise —