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sergent Pinto et Zébédé vinrent un instant plus tard. Zébédé me dit : « Nous avons encore eu de la chance cette fois, nous deux, Joseph ; nous sommes les derniers Phalsbourgeois au bataillon à cette heure… Klipfel vient d’être haché par les hussards ! — Tu l’as vu ? lui dis-je tout pâle. — Oui, il a reçu plus de vingt coups de sabre ; il criait : « Zébédé ! Zébédé ! » Un instant après, il ajouta : « C’est terrible tout de même d’entendre appeler au secours un vieux camarade d’enfance sans pouvoir l’aider.. Mais ils étaient trop… ils l’entouraient ! » Cela nous rendit tristes, et les idées du pays nous revinrent encore une fois. Je me figurais la grand-mère Klipfel, lorsqu’elle apprendrait la nouvelle, et cette pensée me fit aussi songer à Catherine ! Depuis la charge des hussards jusqu’à la nuit, le bataillon resta dans la même position, à tirailler contre les Prussiens. Nous les empêchions d’occuper le bois ; mais ils nous empêchaient de monter sur la côte. Nous avons su le lendemain pourquoi. Cette côte domine tout le cours de la Partha, et la grande canonnade que nous entendions venait de la division Dombrowski,