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et de ses coups de crosse, et qu’un menuisier avait eu pitié de lui : que ce brave homme lui avait donné du pain, des oignons et de l’eau. — Il me raconta ensuite que, le lendemain, toute la division, suivie des autres corps, marchait par troupes à travers champs, chacun pour son compte, sans recevoir d’ordres, parce que les généraux, les maréchaux et tous les officiers montés s’étaient sauvés le plus loin possible, dans la crainte d’être pris. Il m’assura que cinquante hussards les auraient ramassés les uns après les autres, mais que, par bonheur, Blücher n’avait pu traverser la rivière débordée, de sorte qu’ils avaient fini par se rallier à Wolda, où les tambours de tous les corps battaient la marche de leur régiment aux quatre coins du village. Par ce moyen, chaque homme s’était démêlé lui-même en marchant sur son tambour. Le plus heureux, dans cette déroute, c’est qu’un peu plus loin, à Buntzlau, les officiers supérieurs s’étaient aussi retrouvés, tout surpris d’avoir encore des bataillons à conduire ! Voilà ce que me raconta mon camarade, sans parler de la défiance qu’il fallait avoir de nos alliés, qui, d’un moment à l’autre, ne pouvaient manquer de nous tomber sur les reins. Il me dit