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il était assis sur ses jambes croisées, et tenait entre ses genoux un soulier qu’il raccommodait avec une alêne et de la ficelle. C’est à moi que l’officier rendit le premier sa feuille en disant : « Vous rejoindrez demain votre bataillon à deux lieues d’ici, près de Torgau. » Alors le vieux soldat, qui me regardait, posa la main à terre pour me montrer qu’il avait de la place, et j’allai m’asseoir près de lui. J’ouvris mon sac, et je mis d’autres chaussettes et des souliers neufs que j’avais reçus à Leipzig ; cela me fit du bien. Le vieux me demanda : « Tu vas rejoindre ? — Oui, le 6ème, à Torgau. — Et tu viens ? — De l’hôpital de Leipzig. — Ça se voit, fit-il ; tu es gras comme un chanoine. On t’a nourri de cuisses de poulet là-bas, pendant que nous mangions de la vache enragée. » Je regardai mes voisins endormis ; il avait raison ; ces pauvres conscrits n’avaient plus que la peau et les os : ils étaient jaunes, plombés, ridés comme des vétérans, on aurait cru qu’ils ne pouvaient plus se tenir. Le vieux, au bout d’un instant, reprit : «