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n’étions plus que trois, parce que les autres avaient suivi leur chemin sans s’arrêter, un d’eux répondit : « Hé ! vieux farceur.. tu veux ta part du gâteau… c’est tout simple… Mais il n’y a pas besoin de retrousser tes moustaches pour ça. Tiens, bois un coup. » Il lui tendait la cruche ; le fourrier la prit, et, me regardant de côté, il but. « Eh bien, jeune homme, fit-il ensuite, si le cœur vous en dit ! Il est fameux, ce petit vin. — Merci », lui répondis-je. Plusieurs autour de nous criaient : « En route ! en route ! Il est temps. » D’autres : « Non, non, attendez… Il faut encore voir !… — Dites donc, reprit le fourrier d’un ton de brave homme, vous savez, camarades… il faut aller en douceur. — Oui, oui, l’ancien, répondit une espèce de tambour-major, — le grand chapeau à corne en travers des épaules, et, souriant d’un air moqueur, les yeux à demi fermés : — Oui, sois tranquille, nous allons plumer la poule dans les règles. On aura des égards… on aura des égards ! » Alors le fourrier ne dit plus rien ; il était comme honteux à cause de moi. «