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Nous allions donc, suivant la grande route de Wurtzen, le fusil en bandoulière, la capote retroussée, le dos arrondi sous le sac, et l’oreille basse, comme on peut croire. La pluie tombait, l’eau nous coulait du shako dans la nuque ; le vent secouait les peupliers, dont les feuilles jaunes, voltigeant autour de nous, annonçaient l’hiver, et cela continuait ainsi des heures. De loin en loin un village se rencontrait avec ses hangars, ses fumiers, ses jardins entourés de palissades. Les femmes, debout derrière les petites vitres ternes, nous regardaient passer ; un chien aboyait, un homme, qui fendait du bois sur sa porte, se retournait pour nous suivre des yeux, et nous allions toujours, crottés jusqu’à l’échine. Nous revoyions, au bout du village, la grande route s’étendre à perte