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de Prague étaient rompues, et que les Autrichiens venaient aussi de nous déclarer la guerre, ce qui nous mettait deux cent mille hommes de plus sur les bras. J’ai su depuis que nous étions alors trois cent mille hommes contre cinq cent vingt mille, et que, parmi nos ennemis, se trouvaient deux anciens généraux français, Moreau et Bernadotte. Chacun a pu lire cela dans les livres ; mais nous l’ignorions encore, et nous étions sûrs de remporter la victoire, puisque nous n’avions jamais perdu de bataille. Du reste, la mauvaise mine qu’on nous faisait ne nous inquiétait pas : en temps de guerre, les paysans et les bourgeois sont en quelque sorte comptés pour rien ; on ne leur demande que de l’argent et des vivres, qu’ils donnent toujours, parce qu’ils savent qu’à la moindre résistance on leur prendrait jusqu’au dernier sou. Le lendemain de cette grande nouvelle, il y eut visite générale, et douze cents blessés de Lutzen, à peu près remis, reçurent l’ordre de rejoindre leurs corps. Ils s’en allaient par compagnies, avec armes et bagages, en suivant les uns la route d’Altenbourg, qui remonte l’Elster, les autres celle de Wurtzen, plus à gauche. Zimmer était du nombre, ayant lui-même demandé à partir. Je l’accompagnai jusque hors des