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Mais l’Empereur est trop bon… S’il n’était pas si bon, je n’aurais pas risqué de me noyer aujourd’hui ; rien qu’en voyant mon uniforme, ce paysan aurait tremblé de me dire un mensonge. » Ainsi parlait Zimmer ; et ces choses sont encore présentes à ma mémoire ; elles se passaient le 12 août 1813. En rentrant à Leipzig, nous vîmes la joie peinte sur la figure des habitants ; elle n’éclatait pas ouvertement ; mais les bourgeois, en se rencontrant dans la rue, s’arrêtaient et se donnaient la main ; les femmes allaient se rendre visite l’une à l’autre ; une espèce de satisfaction intérieure brillait jusque dans les yeux des servantes, des domestiques et des plus misérables ouvriers. Zimmer me dit : « On croirait que les Allemands sont joyeux ; ils ont tous l’air de bonne humeur. — Oui, lui répondis-je, cela vient du beau temps et de la rentrée des récoltes. » C’était vrai, le temps était très beau ; mais, en arrivant à la caserne de Rosenthâl, nous aperçûmes nos officiers sous la grande porte, causant entre eux avec vivacité. Les hommes de garde écoutaient, et les passants s’approchaient pour entendre. — On nous dit que les conférences