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Non, non, entrez hardiment, répondit cet homme ; c’est un bon endroit. » Et Zimmer, étant entré sans défiance, descendit de quinze pieds. Il nageait bien, mais son bras gauche était encore faible ; la force du courant l’entraîna, sans lui donner le temps de s’accrocher aux branches des saules qui pendaient dans l’eau. Si par bonheur une espèce de gué ne s’était pas rencontré plus loin, qui lui permit de prendre pied, il entrait entre deux îles de vase, d’où jamais il n’aurait pu sortir. Le paysan s’était arrêté sur la route pour voir ce qui se passerait. La colère me saisit et je me rhabillai bien vite, en lui montrant le poing ; mais il se mit à rire et gagna le village d’un bon pas. Zimmer ne se possédait plus d’indignation ; il voulait courir à Connewitz et tâcher de découvrir ce gueux ; malheureusement c’était impossible : allez donc trouver un homme qui se cache dans trois ou quatre cents baraques ! Et d’ailleurs, quand on l’aurait trouvé, qu’est-ce que nous pouvions faire ? Enfin nous descendîmes à l’endroit où l’on avait pied, et la fraîcheur de l’eau nous calma. Je me rappelle qu’en rentrant de Leipzig, Zimmer ne fit que parler de vengeance. «