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d’un armistice, nous ? Est-ce qu’après avoir écrasé ces Prussiens et ces Russes à Lutzen, à Bautzen, et à Wurtschen, nous ne devions pas les détruire de fond en comble ? Est-ce que, s’ils nous avaient battus, ils nous donneraient un armistice, eux ? Ça, — vois-tu, Joseph, c’est le caractère de l’Empereur, il est trop bon… il est trop bon ! C’est son seul défaut. Il a fait la même chose après Austerlitz, et nous avons été obligés de recommencer la partie. Je te dis qu’il est trop bon. Ah ! s’il n’était pas si bon, nous serions maîtres de toute l’Europe. » En même temps il regardait à droite et à gauche, pour demander l’avis des autres. Mais on nous faisait des mines du diable, et personne ne voulait répondre. Finalement Zimmer se leva. « Partons, Joseph, dit-il. Moi, je ne me connais pas en politique ; mais je soutiens que nous ne devions pas accorder d’armistice à ces gueux ; puisqu’ils sont à terre, il fallait leur passer sur le ventre. » Après avoir payé, nous sortîmes, et Zimmer me dit : « Je ne sais pas ce que ces gens ont aujourd’hui ; nous les avons dérangés dans quelque chose. —