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et moi, vider quelques chopes en l’honneur d’Iéna et d’Auerstaedt. Cette salle me rappelle de bons souvenirs. — Ah !… comme vous voudrez, comme vous voudrez, dit le brasseur. C’est de la bière de mars que vous demandez ? — Oui, deux chopes et la gazette. — Bon ! bon ! » Il nous servit les deux chopes, et Zimmer, qui ne voyait rien, essaya de causer avec les étudiants, qui s’excusaient en s’en allant les uns après les autres. Je sentais que tous ces gens-là nous portaient une haine d’autant plus terrible, qu’ils n’osaient pas la montrer tout de suite. Dans la gazette, qui venait de France, on ne parlait que d’un armistice, après deux nouvelles victoires à Bautzen et à Wurtschen. Nous apprîmes alors que cet armistice avait commencé le 6 juin, et qu’on tenait des conférences à Prague, en Bohême, pour arranger la paix. Naturellement cela me faisait plaisir ; j’espérais qu’on renverrait au moins les estropiés chez eux. Mais Zimmer, avec son habitude de parler haut, remplissait toute la salle de ses réflexions ; il m’interrompait à chaque ligne et disait : « Un armistice !… Est-ce que nous avions besoin