Page:Erckmann-Chatrian - Histoire d’un conscrit de 1813.djvu/250

Cette page n’a pas encore été corrigée

que le grand sec se baissait pour prendre aussi sa chope ; et le gros brasseur, la tête grise et crépue, le nez épaté, les yeux ronds et les joues en forme de citrouille, criait d’une voix grasse : « Gesoundheit ! Gesoundheit ! » À peine eûmes-nous fait quatre pas dans la fumée que tout se tut. « Allons, allons, camarades, s’écria Zimmer, ne vous gênez pas, continuez à lire, que diable ! Nous ne serons pas fâchés non plus d’apprendre du nouveau. » Mais ces jeunes gens ne voulurent pas profiter de notre invitation, et le vieux descendit de la table en repliant sa gazette, qu’il mit dans sa poche. « C’était fini, dit-il, c’était fini. — Oui, c’était fini », répétèrent les autres en se regardant d’un air singulier. Deux ou trois soldats saxons sortirent aussitôt, comme pour aller prendre l’air dans la cour, et disparurent. Le gros tavernier nous demanda : « Vous ne savez peut-être pas que la grande salle est sur la rue de Tilly ? — Si, nous le savons bien, répondit Zimmer ; mais j’aime mieux cette petite salle. C’est ici que nous venions dans le temps, deux vieux camarades