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les représente : — pleine de gens industrieux cherchant à gagner leur vie, leur aisance et leurs richesses ; où chacun veut s’élever, non pas au détriment des autres, mais en travaillant, en imaginant nuit et jour des moyens de prospérité pour sa famille ; ce qui n’empêche pas tout le monde de profiter des inventions et des découvertes. Voilà le bonheur de la paix, au milieu d’une guerre terrible ! » Et les pauvres blessés qui s’en allaient le bras en écharpe, ou bien traînant la jambe appuyés sur leurs béquilles, me faisaient de la peine à voir. Je me laissais conduire tout rêveur par mon ami Zimmer, qui se reconnaissait à tous les coins de rue, et me disait : « Ça, c’est l’église Saint-Nicolas ; ça, c’est le grand bâtiment de l’Université ; ça, l’hôtel de ville. » Il se souvenait de tout, ayant déjà vu Leipzig en 1807, avant la bataille de Friedland, et ne cessait de me répéter : « Nous sommes ici comme à Metz, à Strasbourg, ou partout ailleurs en France. Les gens nous veulent du bien. Après la campagne de 1806, toutes les honnêtetés qu’on pouvait nous faire, on nous les a faites. Les bourgeois nous emmenaient parfois par trois ou quatre dîner chez eux. On